Déjà parce qu’on la distingue d’une appellation différente, l’économie solidaire semble vouloir exister en dehors des pas de l’économie de marché.
J’en veux pour preuve la prise de position de Jésus chassant les marchand du temple..
Mais la purification du temple et l’expulsion des marchands manu militari, n’est elle pas l’expression d’une opinion qu’une autre face du prisme aurait pu modifier?
Toute purification n’est-elle pas une vision relative au repère que chacun veut bien se donner ?
Purification ethnique, chimique, religieuse et autres cures détox ne sont elles pas que les ablutions de conclusions qui s’avèrent souvent abusives?
Considérer que tous les marchands sont des voleurs, n’est elle le meilleur moyen de jeter le bébé avec l’eau du bain, et de noyer le bon grain dans l’ivraie?
Et quitte à considérer que tous les marchands sont voleurs et cupides. La meilleure solution est-elle de les chasser jugeant qu’ils sont incurables ? Mais alors, peut-on qualifier de complice le pot de terre si il lui arrive d’essayer de s’abriter derrière un pot de fer qui n’est pas prêt à lui abandonner facilement son avantage certain?
En tout cas, avec deux mille ans de recul et ce que nous voyons du Monde, Jésus n’aurait-il pas eu plutôt intérêt à essayer de gagner un peu nos négociants à sa cause au lieu de vainement essayer de les éliminer?..
Car la charité reste un moteur bien mal partagé et malheureusement par une petite minorité… Alors que l’adage « Charité bien ordonnée commence par soi même » semble être appliqué à la lettre par une grande majorité. Il n’y a qu’à voir ces bagarres médiatisées de foules en guerre autour de quelques pots de pâte à tartiner… Car si tu commences la charité par toi même, il est sous entendu qu’il faudrait aussi qu’elle finisse quand même par toucher les autres …
Difficile de « contraindre » à la charité ; l’obligation au don n’existe pas et l’économie solidaire n’a d’autre moyen que d’essayer de débusquer la corde sensible de la solidarité pour la faire vibrer…
Mais l’expérience montre que la pelote devait être bien trop petite pour que tout le monde en ait au moins un bout. En tout cas le Ciel n’a manifestement pas doté chacun de la même longueur…
Entre un humaniste certain, qui participe à des collectes alimentaires mais dont la soupape échappe 3000 € pour aller photographier des baleines à l’autre bout du monde sans avoir idée que sa trace carbone fait reculer la banquise…
Et un militant vert, freegan s’opposant violemment le poing levé dès qu’il le peut à la société de consommation mais qui récupère de l’autre main tout ce qu’il peut dans ses poubelles…
Chacun restant campé sur les ergots de sa vérité mais avec le même voile pudique sur ses contradictions…
Car dans tous les cas, leurs utopies ne pourront s’exprimer que prises inexorablement dans le carcan incontournable et imperméable aux utopies : l’économie de marché.
Alors, intéressons nous à ces marchands…
N’ont-ils pas quelques qualités utilisables pour servir la cause?…
Le commerce, le marché n’est il pas à l’origine que l’expression de la recherche d’un équilibre donnant-donnant ?
Après tout, pourquoi ne pas applaudir à leur enrichissement dans la mesure où il fut vertueux en l’espèce et où tout le monde y trouve son compte?…
Et s’il n’était plus question de luttes opposant des opinions, mais pragmatiquement, de tirer une synergie de tous les points de vue ?
Après tout, si la taxe Tobin n’était pas vue comme confiscatoire, mais plutôt comme un levier de motiver de nouveaux investisseurs…
Mais pour cela, il faut que chacun ait le sentiment, en fonction de ses critères, qu’il y a de la soupe pour tout le monde, pas que l’autre pioche déjà dans sa part …
Car à rester droits dans les bottes de nos certitudes, le monde avance mais il y a toujours plus de pauvres et de millionnaires…